Résumé

 

La trame narrative sʼorganise autour dʼun événement central : la disparition du plus jeune des frères. Dès lors, lʼombre portée du frère absent se posera sur tous ceux qui restent, et lʼécho de ce drame résonnera singulièrement pour chacun des protagonistes. 

La vie des deux aînés sʼest reconstruite sur un silence : Christian chasse et Anna danse... 

Malgré les années qui passent, Marika attend toujours son fils. Elle reforme sans cesse la même boucle et se fige dans son chagrin vers lʼimage idéale de son enfant disparu. Elle sʼoppose dans cette idéalisation du néant à sa fille qui lutte seule pour maintenir un semblant dʼunité familiale. Anna est héroïque dans son combat et tentera jusquʼà la fin de la pièce de retrouver lʼamour dʼune mère qui ne la voit plus. Christian sombre quant à lui dans ses resentiments coupables.

 

Les personnages évoluent le plus souvent dans lʼunivers domestique de leur petite maison. Lʼaction se concentre dans une pièce principale... Le lieu du ressassement où Marika tricote. Anna et Christian entrent et sortent au gré des scènes. Dehors la nature est humide et boueuse. On imagine des champs et au loin il y a la rive. Cʼest là que James a disparu. Il y a dans Le chant des rives un lien très fort qui unit les personnages et leur environnement. Les frimas de la plaine et lʼhumidité du fleuve semblent imprégner des personnages en résistance. Leur lutte est souvent silencieuse ou monologuée comme si la rudesse de leur condition de vie et la douleur de la perte de leur petit frère les avaient irrémédiablement isolés.


Extrait

 

"Mon enfant. Tout petit être sorti de moi. Comment ai-je pu te laisser là tout seul comme une bête. Tu dois trouver que jʼai changé... Attends un peu que jʼarrange mes cheveux. Vois-tu comme exceptionnellement je me suis maquillée? Je ne voulais pas que tu me trouves trop laide. Depuis que tu es parti tu sais je traverse le monde et je suis invisible. Je tʼai attendu sans bouger et jʼai rangé tous mes soupirs. Quand on nʼattend plus rien de la vie tu sais on ne goûte plus un seul instant. Mais moi tu vois cʼest tout l’inverse. Jʼai pris le temps de vieillir. Jʼai mesuré chaque seconde qui me séparait de toi. Dis est-ce que tu mentends? Chaque minute sʼest gorgée dʼun espoir secret. Celui de ton retour. Et aujourdhui tu es là. Après combien de larmes? Après combien de désaveux? Ma foi sest construite seule et je lai gardée en moi comme un mystère. Tu étais mon obscurité secrète. La lumière de ma vie."   

 

Marika